La Chute (Der Untergang)
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La Chute (Der Untergang)
Adolf Hitler, l'une des figures historiques les plus célèbres et les plus fascinantes, de par sa personnalité mystérieuse, de par son envergure, et l'ampleur de ses actes
Nombre de livres traitent avec plus ou moins de sérieux de cet homme et des moments de sa vie. Le cinéma a pris aussi le relais, livrant une pelletée de films souvent médiocres, et offrant régulièrement des caricatures éhontées du Führer du IIIè Reich.
Rares sont les films sur lui qu'on peut qualifier de références, où l'homme est montré de manière réaliste et professionnelle, sans plonger dans la vulgarité ou le ridicule. C'est le cas d'un film allemand sorti dans les salles en 2004, et qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive:
La Chute, sans conteste l'un des films les plus fascinants, et les plus crédibles qu'il m'ait été donné de voir.
Au coeur d'un Berlin en ruines, qui ne pourra désormais plus jamais se muer en Germania tant rêvée, se dresse la Reichskanzlei, la chancellerie du Reich, réalisée par Albert Speer, architecte et ami du Führer, qui abrite le chef de la nation et ses derniers compagnons, employés et officiers, retranchés dans un bunker à la ventilation bruyante et aux lumières vacillantes.
L'Armée Rouge défait la Wehrmacht et s'approche dangereusement du centre du pouvoir. Il n'y a plus rien à faire, Hitler lui-même est conscient que la fin est proche, la sienne comme celle de l'empire qu'il s'est employé à ériger après son accession au pouvoir en 1933.
Le film "La Chute" dépeint les derniers jours de cet homme détruit, malade, qui voit son rêve de conquête partir en fumée, lui qui a plongé l'Europe toute entière dans un bain de sang qui n'a jamais eu d'équivalent dans l'Histoire de l'Humanité...
Ce film a fait un pari risqué, celui de faire de Hitler le personnage central de son intrigue, avec tous les risques que cela comporte, c'est-à-dire subjectivité, caricature (qui vire fréquemment à une représentation ordurière du personnage), manque de réalisme, exagération, etc...
En effet, dans les autres films où on le représente, c'est surtout sous les traits d'un pantin vociférant et dépourvu du moindre sentiment (image générale, combinée à celle du "tueur de juifs", que l'opinion publique a retenu)
Or, ici, la réalisation d'Oliver Hirschbiegel nous gratifie d'un film fort passionnant, dépeignant à merveille l'oppression qui régnait dans le bunker de la chancellerie en ces derniers jours de l'existence d'un Reich qui devait durer mille ans (et qui n'en a duré que 12).
On attendait au tournant celui qui incarnait le Führer, rôle très difficile à interpréter vu la complexité du personnage, mais à la surprise générale, Bruno Ganz réussit à merveille cette épreuve ô combien ardue.
Evidemment, le film n'a pas échappé au scandale.
Eh oui, le film montre Hitler tel qu'il était vraiment, et tel que l'on ne veut pas le voir (et c'est le problème que le film, à mon avis, a l'audace de soulever), c'est-à-dire humain (eh oui, dingue non ? Et pourtant), avec des sentiments (qu'il tentait de réprimer toutefois), des pensées, une vision du monde, des projets, et une personnalité qui n'était pas (que) celle d'un sadique sans coeur et pervers.
Hitler avait une personnalité d'artiste, c'était un dilettante rêveur et utopiste, et le film le souligne bien, notamment dans la scène où il examine la maquette du Berlin qu'il rêve de bâtir (examiner les maquettes très longuement était l'un de ses passe-temps favoris), ou encore lorsqu'il observe fixement, perdu dans ses pensées, le portrait de Guillaume II (ou Frédéric II, je ne sais plus), l'un de ses modèles.
Le film a fait polémique: cette représentation de Hitler est-elle justifiée ? Comment pareil criminel peut-il avoir des sentiments et être montré avec une âme, une personnalité propre, et proche de celle de n'importe lequel d'entre nous ? De nombreuses controverses ont été soulevées, et des flots de paroles ont inondé les ondes, les pages d'hebdomadaires et les plateaux de télé:
Le débat a agité les journalistes comme les historiens, de nombreuses chroniques sont parues, mais globalement le film a reçu de bonnes critiques, et a eu un succès commercial très important.
Pour moi, ce film méritait au moins un Oscar, surtout pour la prestation de Bruno Ganz, unanimement saluée.
Néanmoins, les autres sont convaincants également. On retiendra surtout la prestation d'Ulrich Matthes, dont la ressemblance avec Joseph Goebbels, Ministre de la Propagande, fidèle d'entre les fidèles, qu'il incarne, est perceptible.
L'une des prouesses de ce film est en effet d'avoir su engager des acteurs qui avaient une ressemblance physique très forte avec ceux qu'ils incarnent.
Cela montre un sens du détail et une valorisation de la réalité qui a été brutalement négligée par d'autres réalisateurs qui se sont lancés dans le filon des films sur Hitler et le nazisme, en l'occurrence Christian Duguay et son pitoyable film "Hitler: La naissance du mal".
Les sources historiques ne sont pas de la petite merde, étant donné que le film s'appuie surtout sur le livre de feu Joachim Fest, l'un des plus éminents hitlérographes et connaisseurs du IIIè Reich et de la 2nde Guerre, ainsi que sur maints témoignages d'époque. Le film a d'ailleurs été salué par Ian Kershaw, une autre référence de l'hitlérographie.
Bref, une petite merveille cinématographique, tant dans les faits montrés que dans l'atmosphère globale, terrifiante. Un film comme on devrait en voir plus souvent.
Nombre de livres traitent avec plus ou moins de sérieux de cet homme et des moments de sa vie. Le cinéma a pris aussi le relais, livrant une pelletée de films souvent médiocres, et offrant régulièrement des caricatures éhontées du Führer du IIIè Reich.
Rares sont les films sur lui qu'on peut qualifier de références, où l'homme est montré de manière réaliste et professionnelle, sans plonger dans la vulgarité ou le ridicule. C'est le cas d'un film allemand sorti dans les salles en 2004, et qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive:
LA CHUTE
La Chute, sans conteste l'un des films les plus fascinants, et les plus crédibles qu'il m'ait été donné de voir.
Au coeur d'un Berlin en ruines, qui ne pourra désormais plus jamais se muer en Germania tant rêvée, se dresse la Reichskanzlei, la chancellerie du Reich, réalisée par Albert Speer, architecte et ami du Führer, qui abrite le chef de la nation et ses derniers compagnons, employés et officiers, retranchés dans un bunker à la ventilation bruyante et aux lumières vacillantes.
L'Armée Rouge défait la Wehrmacht et s'approche dangereusement du centre du pouvoir. Il n'y a plus rien à faire, Hitler lui-même est conscient que la fin est proche, la sienne comme celle de l'empire qu'il s'est employé à ériger après son accession au pouvoir en 1933.
Le film "La Chute" dépeint les derniers jours de cet homme détruit, malade, qui voit son rêve de conquête partir en fumée, lui qui a plongé l'Europe toute entière dans un bain de sang qui n'a jamais eu d'équivalent dans l'Histoire de l'Humanité...
Ce film a fait un pari risqué, celui de faire de Hitler le personnage central de son intrigue, avec tous les risques que cela comporte, c'est-à-dire subjectivité, caricature (qui vire fréquemment à une représentation ordurière du personnage), manque de réalisme, exagération, etc...
En effet, dans les autres films où on le représente, c'est surtout sous les traits d'un pantin vociférant et dépourvu du moindre sentiment (image générale, combinée à celle du "tueur de juifs", que l'opinion publique a retenu)
Or, ici, la réalisation d'Oliver Hirschbiegel nous gratifie d'un film fort passionnant, dépeignant à merveille l'oppression qui régnait dans le bunker de la chancellerie en ces derniers jours de l'existence d'un Reich qui devait durer mille ans (et qui n'en a duré que 12).
On attendait au tournant celui qui incarnait le Führer, rôle très difficile à interpréter vu la complexité du personnage, mais à la surprise générale, Bruno Ganz réussit à merveille cette épreuve ô combien ardue.
Evidemment, le film n'a pas échappé au scandale.
Eh oui, le film montre Hitler tel qu'il était vraiment, et tel que l'on ne veut pas le voir (et c'est le problème que le film, à mon avis, a l'audace de soulever), c'est-à-dire humain (eh oui, dingue non ? Et pourtant), avec des sentiments (qu'il tentait de réprimer toutefois), des pensées, une vision du monde, des projets, et une personnalité qui n'était pas (que) celle d'un sadique sans coeur et pervers.
Hitler avait une personnalité d'artiste, c'était un dilettante rêveur et utopiste, et le film le souligne bien, notamment dans la scène où il examine la maquette du Berlin qu'il rêve de bâtir (examiner les maquettes très longuement était l'un de ses passe-temps favoris), ou encore lorsqu'il observe fixement, perdu dans ses pensées, le portrait de Guillaume II (ou Frédéric II, je ne sais plus), l'un de ses modèles.
Le film a fait polémique: cette représentation de Hitler est-elle justifiée ? Comment pareil criminel peut-il avoir des sentiments et être montré avec une âme, une personnalité propre, et proche de celle de n'importe lequel d'entre nous ? De nombreuses controverses ont été soulevées, et des flots de paroles ont inondé les ondes, les pages d'hebdomadaires et les plateaux de télé:
Le débat a agité les journalistes comme les historiens, de nombreuses chroniques sont parues, mais globalement le film a reçu de bonnes critiques, et a eu un succès commercial très important.
Pour moi, ce film méritait au moins un Oscar, surtout pour la prestation de Bruno Ganz, unanimement saluée.
Néanmoins, les autres sont convaincants également. On retiendra surtout la prestation d'Ulrich Matthes, dont la ressemblance avec Joseph Goebbels, Ministre de la Propagande, fidèle d'entre les fidèles, qu'il incarne, est perceptible.
L'une des prouesses de ce film est en effet d'avoir su engager des acteurs qui avaient une ressemblance physique très forte avec ceux qu'ils incarnent.
Cela montre un sens du détail et une valorisation de la réalité qui a été brutalement négligée par d'autres réalisateurs qui se sont lancés dans le filon des films sur Hitler et le nazisme, en l'occurrence Christian Duguay et son pitoyable film "Hitler: La naissance du mal".
Les sources historiques ne sont pas de la petite merde, étant donné que le film s'appuie surtout sur le livre de feu Joachim Fest, l'un des plus éminents hitlérographes et connaisseurs du IIIè Reich et de la 2nde Guerre, ainsi que sur maints témoignages d'époque. Le film a d'ailleurs été salué par Ian Kershaw, une autre référence de l'hitlérographie.
Bref, une petite merveille cinématographique, tant dans les faits montrés que dans l'atmosphère globale, terrifiante. Un film comme on devrait en voir plus souvent.
Antoine Tomberouge- Messages : 3932
Re: La Chute (Der Untergang)
J'ai adoré ce film, pourtant j'étais un peu réticent à le voir! La grosse claque du film c'est l'interprétation de Bruno Ganz, qui "humanise" l'image que l'ont se fait généralement de Hitler.
Dommage que le héros meurt à la fin!
JE BLAGUE, HEIN!
Dommage que le héros meurt à la fin!
JE BLAGUE, HEIN!
Re: La Chute (Der Untergang)
Ah c'est donc de là que vient la scène où sont tirés les memes "Hitler réagit face à...". Ça m'a titillé ma curiosité, de plus ça m'a l'air plus poussé que Valkyrie.
Re: La Chute (Der Untergang)
je te déconseille le visonnage de Inglorious BasterdsR-aZZo-R a écrit:Dommage que le héros meurt à la fin!
Re: La Chute (Der Untergang)
Un peu déçu par ce film ! Tarantino est connu pour sa surenchère grossière, mais la fin a franchi plus qu'allègrement les limites du ridicule et de l'impensable
Puis Brad Pitt, quel pitoyable acteur
D'ailleurs, le doubleur en VF n'est vraiment pas mauvais. Il a réussi cet âpre exercice, et ça ne perd pas en crédibilité
Puis Brad Pitt, quel pitoyable acteur
R-aZZo-R a écrit:La grosse claque du film c'est l'interprétation de Bruno Ganz, qui "humanise" l'image que l'ont se fait généralement de Hitler.
D'ailleurs, le doubleur en VF n'est vraiment pas mauvais. Il a réussi cet âpre exercice, et ça ne perd pas en crédibilité
Antoine Tomberouge- Messages : 3932
Re: La Chute (Der Untergang)
Bien aimé la fin d'Inglorious Basterds, j'ai trouvé ça plutôt culotté, Tarantino à été au bout de son délire, je lui en aurai tenu rigueur si il ne l'aurait pas fait.
Pas son meilleur film, mais on y trouve peut-étre une des toutes meilleurs séquences de sa carriére: la scène de l'auberge, une vrai leçon de cinéma!
(Désolé pour le H.S!)
Pas son meilleur film, mais on y trouve peut-étre une des toutes meilleurs séquences de sa carriére: la scène de l'auberge, une vrai leçon de cinéma!
(Désolé pour le H.S!)
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