Kraftwerk

Malgré les nombreux aspects pop et krautrock de leur musique, je pense que catégoriser Kraftwerk comme formation plus globalement electro-industrielle n'est pas inapproprié


Kraftwerk, s'ils ne sont les inventeurs de la musique électronique (puisque des expérimentations musicales étaient déjà existantes dès les années 20-30), sont à juste titre considérés comme les piliers incontournables de la musique électronique et de la musique pop de ces 40 dernières années
Ainsi, leur influence s'est exercée sur les Noirs de Detroit, pères officiels de la techno, les Anglais, à qui l'on devra la synth-pop, les musiciens industriels allemands qui prendront le relais, et tant d'autres...

Discographie :

1970 - Kraftwerk
1971 - Kraftwerk 2
1973 - Ralf und Florian
1974 - Autobahn
1975 - Radioactivity
1977 - Trans-Europe Express
1978 - The Man-Machine
1981 - Computer World
1986 - Electric Café
2003 - Tour de France
2005 - Minimum-Maximum (Live)

Live complet :


Radio-Aktivität (album complet)

Tony Redgrave a écrit:Malgré les nombreux aspects pop et krautrock de leur musique, je pense que catégoriser Kraftwerk comme formation plus globalement electro-industrielle n'est pas inapproprié

Je trouve ça un peu "osé", mais il est vrai que ce groupe a eu une influence :

"Le mot "Kraftwerk" signifie en allemand "centrale électrique". Classé au début de sa carrière dans la scène "Krautrock", Kraftwerk se démarque ensuite des autres groupes (Ash Ra Tempel, Tangerine Dream, Can, etc.) en adoptant une esthétique froide et exclusivement basée sur une instrumentation électronique, alors que le Krautrock était une musique planante placée dans la continuité du rock psychédélique anglo-saxon. Kraftwerk cherchait à produire une musique typiquement allemande : "Nous voulons que le monde entier sache que nous venons d'Allemagne" déclare Ralph Hütter en 1975. Une manière de réagir à l'américanisation qui avait été imposée à de nombreux aspects de la société allemande, et en particulier à la musique populaire : la prise de conscience de l'influence exagérée de la musique américaine en Europe a beaucoup compté dans le développement des musiques électroniques européennes, en particulier pour le courant qui nous intéresse. La Musique Industrielle s'en inspirera en éliminant toute trace d'héritage du "blues". Le but commun à ces esthétiques est de créer en quelque sorte une "musique ethnique de la civilisation industrielle". Kraftwerk déclare avoir créé une "Industrielle Volkmusik" (musique populaire industrielle).

L'autre aspect de Kraftwerk qui marque la scène industrielle est l'ambiguïté des symboles utilisés : la netteté irréprochable de l'apparence des musiciens tranche avec le rejet des codes sociaux affichés par les grandes stars du rock. Le comportement dominant était de s'enivrer de bière et de s'habiller de cuir noir, ou bien pour les hippies de fumer du haschisch et de s'habiller à la mode indienne. Kraftwerk était à mille lieux de ce cliché et cela se ressentait aussi bien dans l'image présentée au public que dans la musique produite. Les musiciens s'habillent comme des cadres de banque "cravatés et avec les cheveux courts, apparence pour le moins minoritaire en cette époque baba". La pochette de l'album "Man Machine" 5 présente le groupe en chemises rouges et cravates noires, les musiciens ayant les sourcils très noirs et les lèvres rouge vif. La typographie et les formes cubistes sont exclusivement de couleurs noires et rouges, et le groupe affirme s'être inspiré pour la réalisation de l'artiste constructiviste russe El Lissitzky. Les réactions de la critique rock furent diverses, en fait l'image d'un groupe allemand en uniformes de type militaire suscita une certaine controverse. Kraftwerk n'était pas le seul à attiser la controverse en utilisant de telles stratégies. Beaucoup de gens virent l'ironie sous-entendue dans ces engagements artistiques, mais certains le prirent inévitablement au premier degré et se persuadèrent à tort que c'était là une façon d'approuver le fascisme. Cet exemple fait penser à la polémique existant autour du groupe Laibach. La différence étant que Laibach construit son image à partir de cette ambiguïté et l'entretien soigneusement. Ce groupe considère d'ailleurs Kraftwerk comme une influence majeure lorsqu'il déclare que "cette influence a existé dans tous nos travaux". (Emmanuel Grynszpan)


Perso, je trouve qu'il manque un ingrédient (sonorités trop "synth-pop", pas assez aggressives). Après, je ne connais du groupe que la partié émergée de l'iceberg, à savoir leurs singles. Parmi eux, j'aime bien celui-ci (Das model) :

Mouais, pour tout avouer, je ne suis pas très convaincu par la classification industrielle de Kraftwerk, pour moi il a bien plus à voir avec la synthpop qui se développe par la suite ; la musique de Kraftwerk est froide, certes, mais elle est aussi beaucoup plus aérienne, pour ne pas dire spatiale, que l'Indus qui nous ramène par définition à la réalité matérielle d'un monde de machines. La modernité est ici utilisée comme quelque chose de beau et non comme quelque chose d'oppressant. Après, je ne suis pas un expert et je ne prétends pas l'être, et de toute façon peu importe, j'aime beaucoup ce groupe.

Quelques-unes que j'aime particulièrement, outre celles déjà citées :

Kraftwerk, par le biais de leur musique, nous confronte directement aux méandres du monde industriel, des systèmes politiques de pouvoir et de contrôle. Autobahn, Trans-Europe express, Radioactivity, j'en passe... Qu'évoquent les thématiques abordées dans ces chansons si ce n'est justement la froide réalité d'un monde et d'un environnement modifiés par l'homme et ses machines (qui sont presque en symbiose), institutionnalisés, détériorés ?

Puis bon, point de détail, mais pour la synth-pop, comment classer ce groupe dans un genre qu'il a contribué par son influence à faire naître et qui était donc au plus embryonnaire à son époque ? Ce serait quelque peu anachronique non ?

Mais je ne suis pas expert non plus

Aenimal a écrit:
la netteté irréprochable de l'apparence des musiciens tranche avec le rejet des codes sociaux affichés par les grandes stars du rock.

L'une des raisons qui me font apprécier ce groupe, le contraste saisissant entre l'avant-gardisme complet et osé, et l'adoption assumée et louable d'une attitude digne, simple, quasiment courtoise


D'ailleurs, et ce n'est pas un hasard, ma session photo préférée de Rammstein est justement celle où ils pastichent Kraftwerk, s'alignant de façon ordonnée et stricte, exaltant la rigidité et l'élitisme germanique, faisant fi de la souvent grotesque imagerie metal

Tanz Mitth'Laibach a écrit:
Quelques-unes que j'aime particulièrement, outre celles déjà citées :

Hmmm, moi mon morceau favori de TEE, c'est Europe endless

Tony Redgrave a écrit:Kraftwerk, par le biais de leur musique, nous confronte directement aux méandres du monde industriel, des systèmes politiques de pouvoir et de contrôle. Autobahn, Trans-Europe express, Radioactivity, j'en passe... Qu'évoquent les thématiques abordées dans ces chansons si ce n'est justement la froide réalité d'un monde et d'un environnement modifiés par l'homme et ses machines (qui sont presque en symbiose), institutionnalisés, détériorés ?

Puis bon, point de détail, mais pour la synth-pop, comment classer ce groupe dans un genre qu'il a contribué par son influence à faire naître et qui était donc au plus embryonnaire à son époque ? Ce serait quelque peu anachronique non ?

Mais je ne suis pas expert non plus

disons que KRAFTWERK est à la croisée des chemins...

toutes façons, tu sais comme moi que les vrais pères du mouvement indus sont bel et bien THROBBING GRISTLE. :lol!:

Puis bon, point de détail, mais pour la synth-pop, comment classer ce groupe dans un genre qu'il a contribué par son influence à faire naître et qui était donc au plus embryonnaire à son époque ? Ce serait quelque peu anachronique non ?

Mais, idem pour l'Indus

Qu'évoquent les thématiques abordées dans ces chansons si ce n'est justement la froide réalité d'un monde et d'un environnement modifiés par l'homme et ses machines (qui sont presque en symbiose), institutionnalisés, détériorés ?

Je ne sais pas, c'est une question de ressenti, je trouve qu'il y a une harmonie chez Kraftwerk qui décrit un monde plus rêveur, ou intriguant, que réellement détérioré -d'ailleurs, je trouve ton usage du terme "symbiose" assez révélateur. J'ai l'impression que Kraftwerk et Throbbing Gristle prennent le même problème par deux bouts différents. Mais ce n'est jamais que mon avis.

Tanz Mitth'Laibach a écrit:

Mais, idem pour l'Indus

Ben non puisqu'ils l'inventent


Allez, une section entière du fof consacrée à l'inclassable cas Kraftwerk !

Tanz Mitth'Laibach a écrit:
je trouve ton usage du terme "symbiose" assez révélateur.

Tout en gardant ce mot, j'allais forumler la phrase différemment (je ne sais plus comment), mais je suis curieux de ton explication

Tout en gardant ce mot, j'allais forumler la phrase différemment (je ne sais plus comment), mais je suis curieux de ton explication Joy

Non, mais je veux dire, les éléments ne se heurtent pas chez Kraftwerk, on est dans quelque chose de calme, ce n'est pas martelé comme chez Throbbing Gristle et consorts, je trouve que le monde moderne apparait ainsi comme froid, mais pas oppressant comme chez Throbbing Gristle et consorts. Du coup, même si je comprends le raisonnement, je trouve ça bizarre de voir Kraftwerk ici. Mais bon.

Victoire! J'ai enfin trouvé une chanson de Kraftwerk à peu près supportable pour mes oreilles!

Voila une brillante avancée pour l'humanité.

Bon... Laquelle?

Aerodynamik.

Ah et puis sinon je trippe sur ça depuis 3 jours, ça à un côté hypnotisant malgré tout le kitsch du live...

C'est moi ou ils ont l'air de carrément se faire chier?

?
Kraftwerk n'est pas connu pour être très expressif sur scène ou même en séance photo. L'attitude rigide fait partie intégrante de leur concept

Bah je suis désolé mais quand je compare avec leur prestation d'Utrecht par exemple, je les trouve beaucoup plus dynamiques que sur celle-ci. Et puis même, le chanteur a une voix parfaitement monocorde tout du long... Après, je ne sais pas ce qui est la "norme" au niveau des concerts pour Kraftwerk, la version d'Utrecht plus dynamique, ou celle de la TV italienne plus molle?

Steven Siegheil a écrit: Et puis même, le chanteur a une voix parfaitement monocorde tout du long

Peut-être est-ce dû à une langue italienne qu'il maîtrise mal. La version en japonais (Dentaku) reste ma préférée

Steven Siegheil a écrit:Après, je ne sais pas ce qui est la "norme" au niveau des concerts pour Kraftwerk, la version d'Utrecht plus dynamique, ou celle de la TV italienne plus molle?

Ce n'est pas le jour et la nuit non plus. Mais les gars de Kraftwerk sont de toute façon plus généralement planqués derrière les synthétiseurs et les boîtes à rythmes. "Pocket calculator" doit être la seule à nous offrir les membres debout, instruments à la main et plus mouvants
Leur jeu scénique s'est rigidifié au fil du temps et de la consolidation de leur identité musicale

Kraftwerk donnera 8 concerts à Düsseldorf, en Allemagne au Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen Museum.

1 – 'Autobahn (1974) (11 janvier)
2 – 'Radio-Activity' (1975) (12)
3 – 'Trans Europe Express (1977) (13)
4 – 'The Man-Machine' (1978) (16)
5 – 'Computer World' (1981) (17)
6 – 'Techno Pop' (1986) (18)
7 – 'The Mix' (1991) (19)
8 – 'Tour de France' (2003) (20)

Hmm j'aimerais y aller

Off The Record, le dernier Karl Bartos est hautement recommandable.

Bof

La musique est surchargée.
Et en plus c'est en anglais, ça devrait pourtant pas être un effort pour lui de chanter en boche

Bon le morceau ici n'est pas le plus représentatif de l'album, j'ai foutu le plus technoide car c'est dans mes gouts (là pour le coup, ça me fait penser a du Orbital), a la rigueur chope toi le et essaye, mais je pense qu'il devrait te plaire.

Pour la langue employée, je n'y avais même pas prêté attention a vrai dire, perso là que ce soit en anglais ça ne me choque pas.

J'aurais dû penser à en parler ici, mais Arte a diffusé samedi soir un documentaire sur Kraftwerk : http://www.arte.tv/guide/fr/048927-000/kraftwerk-pop-art

Mais au final, on a eu quelques informations sympas sur leurs débuts, et puis ils ont embrayé sur une espèce de concours d'éloges complètement démesurés et désorganisé   C'est bien simple, à les entendre, tout ce qui utilise un synthétiseur, on le doit à Kraftwerk  Et puis au chapitre de leur influence, ils ont quand même réussi à nous citer la techno, le funk (?) et à conclure sur Coldplay (!), mais sans dire un mot de Depeche Mode et des autres, fallait quand même oser !   Dommage...

Tanz Mitth'Laibach a écrit:C'est bien simple, à les entendre, tout ce qui utilise un synthétiseur, on le doit à Kraftwerk

Dans le silence terre-toi jeune padawan, contester la Force jamais tu ne dois

Pour ce qui est de Coldplay, le groupe a utilisé la mélodie d'une chanson de Kraftwerk pour un de leurs titres


Tiens je l'aurais volontiers maté ce docu

Pour ce qui est de Coldplay, le groupe a utilisé la mélodie d'une chanson de Kraftwerk pour un de leurs titres

Ouais, j'ai bien compris, mais enfin ce ne sont pas les premiers à citer, quoi...

Quant à le mater, j'ai l'impression que tu connais nettement mieux le groupe que moi, alors s'il ne m'a rien appris ou presque, je pense que tu devrais t'abstenir... C'est du travail bâclé.