A rebours (J. K. Huysmans)

A rebours (1884) de J. K. Huysmans

Apologie de la décadence fin XIXe, au travers du personnage de Des Esseintes, dandy misanthrope qui se coupe du monde qu'il exècre dans une retraite contemplative qui se projette dans un monde de substitution fait d'oeuvres d'art du passé et d'artifices divers et variés, le tout entrecoupé d'alternances de réflexions (métaphysiques) sur le monde et la société de l'époque ainsi que de subtiles névroses.

Une critique de l'époque : "Je ne crois pas que la haine et le mépris d'un siècle aient jamais été plus furieusement exprimés que dans cet étrange roman si en dehors de toute la littérature contemporaine" (Léon Bloy)

Un extrait représentatif : "Puisque, par le temps qui court, il n'existe plus de substance saine, puisque le vin qu'on boit et que la liberté qu'on proclame sont frelatés et dérisoires, puisqu'il faut enfin une singulière dose de bonne volonté pour croire que les classes dirigeantes sont respectables et que les classes domestiquées sont dignes d'être soulagées ou plaintes, il ne me semble, conclut Des Esseintes, ni plus ridicule ni plus fou de demander à mon prochain une somme d'illusions à peine équivalente à celle qu'il dépense dans des buts imbéciles chaque jour."

Un bouquin d'une grande richesse littéraire (à la fois culturelle et linguistique).

Autant dire que je recommande fortement ce chef d'oeuvre!


Pour en revenir à nos mouton, à savoir l'indus, sachez qu'un projet suédois dont le topic est présenté ici même porte le nom de cet anti-héros romanesque, fils spirituel du René de Chateaubriand et annonciateur du Bardamu de Céline : Des Esseintes

Par l'extrait que tu ajoutes, je conclurais que ce n'est pas tant une apologie (comme le serait plutôt "les Paradis artificiels" de Baudelaire) que le constat lucide et donc désenchanté dressé par un enfant du siècle
S'il est dispo en médiathèque je songerai à l'emprunter

Antoine Tomberouge a écrit:Par l'extrait que tu ajoutes, je conclurais que ce n'est pas tant une apologie (comme le serait plutôt "les Paradis artificiels" de Baudelaire) que le constat lucide et donc désenchanté dressé par un enfant du siècle

L'auteur rend d'ailleurs un vif hommage à Baudelaire dans son roman, ce qui m'a donné envie de relire Les fleurs du mal